Bernard dimey, père et fille
L’histoire singulière
de Dominique et de son père.
Dominique est longtemps restée très discrète sur la blessure de son enfance sans père, et les quatre années intenses pendant lesquelles ils ne se sont pas quittés. La mort de ce père pas comme les autres a été pour elle un peu comme un second abandon, et c’est seule qu’après la disparition de Bernard en 1981 elle a construit sa route et mené sa carrière d’artiste.
Depuis, elle explique elle-même : « Certaines blessures se sont cicatrisées et je mesure aujourd’hui combien dans les mots et la musique, dans la poésie et le goût profond de la vérité et de la liberté, mes liens avec ce père hors du commun sont grands…
Dominique a 20 ans lorsqu’elle rencontre Bernard Dimey son père qu’elle ne connaissait pas, presque par hasard à Montmartre.
Bernard découvre sa fille à un moment un peu sombre de son existence. Il est fou de joie d’avoir retrouvé Dominique, c’est une renaissance et il ne la quitte plus pendant les quatre années qui précéderont sa maladie et sa mort.
L’arrivée de Dominique dans la vie de Bernard Dimey est un bouleversement.
Une incroyable rencontre
Textes de Dominique Dimey extraits de son spectacle
Bernard Dimey Père et Fille, une incroyable rencontre
J’avais 20 ans lorsque je suis arrivée à Paris. Je n’avais presque rien, ma guitare et une petite valise. ça fait un peu cliché, pourtant c’est la stricte vérité…
Je venais du Berry le pays de Georges Sand et du Grand Meaulnes et je m’appelais Dominique Blanchard. Élevée seule par ma mère qui était enseignante, j’avais passé mon enfance et mon adolescence à Châteauroux et je montais à Paris pour me lancer dans une carrière d’artiste !
J’avais trouvé une chambre à Montmartre, rue Constance dans le 18e. Une petite rue qui donnait dans la rue Lepic. J’étais installée dans le quartier des musiciens, des peintres, des artistes…Et c’était extraordinaire…
Je me sentais chez moi dans ce quartier, je me sentais adoptée, j’avais l’impression de faire partie du village. Au bout de quelques mois, je connaissais les commerçants, le fleuriste, la boulangère.
Je m’étais inscrite aux cours de théâtre de Jean-Laurent Cochet et avec lui, je découvrais les grands auteurs, les classiques. J’apprenais… J’écrivais aussi mes premières chansons, que j’allais chanter dans le métro place Clichy et j’arrivais à gagner de quoi me nourrir pour la semaine. Et puis j’ai eu un petit rôle dans un téléfilm et mon premier cachet ! Pour moi, une fortune ! Je commençais à gagner ma vie. J’ai pu payer mon loyer toute seule et ne plus dépendre de ma mère. Je découvrais la vie d’artiste… Je me sentais libre…
Un jour, en revenant du métro, boulevard de Clichy, j’ai aperçu sur une colonne Morris le visage d’un gros bonhomme barbu, que je croisais très souvent rue Lepic.
J’avais l’habitude qu’il me fasse un sourire ou qu’il me lance un bonjour. Et chaque fois je l’imaginais dans son atelier, avec son chevalet et des tubes de gouache alignés.
Ce même jour à la boulangerie, tout le monde parlait du récital de Bernard Dimey. C’était un événement dans le quartier. J’étais curieuse et intriguée… Alors un soir je me suis décidée et je suis allée à la salle Pleyel.
Un matin en descendant la rue Lepic j’ai aperçu sa silhouette à l’intérieur du Lux bar.
Comme il me l’avait proposé, je suis entrée. Il m’a reconnu et il avait l’air content de me voir.
Il m’a payé un verre et nous avons parlé de Jean-Laurent Cochet qu’il connaissait très bien, il m’a dit que c’était un excellent professeur. Il m’a demandé quels textes je travaillais, il m’a dit qu’il me verrait bien jouer Colombe d’Anouilh. Et puis il m’a posé des questions sur moi, mon âge, mes parents…
Je lui ai dit que je vivais seule avec ma mère qui était enseignante à Châteauroux…
Il m’a servi un verre et nous avons parlé des chansons que j’écrivais, je lui ai dit que ma grand-mère adorait chanter, que ma mère aussi chantait, et que je voulais vraiment être chanteuse…
Il était curieux, mais d’une façon étrange. Il m’a fait parler de ma vie, de ma mère, il a voulu connaître son nom, son âge, savoir si elle venait à Paris… Et puis brusquement il m’a demandé : T’aimes ça le tagine ? Je ne savais pas même ce que c’était…
– Si tu veux, je t’invite à diner ce soir au Taroudan… C’est juste en haut de la rue Lepic
On a mangé le tagine, en silence… enfin presque, parce qu’il faisait beaucoup de bruit en mangeant et il en mettait partout dans sa barbe. C’était vraiment dégoutant.
Lorsqu’il a eu fini son assiette, il a allumé une cigarette, l’a fait tourner entre ses doigts, et d’un seul coup il m’a dit : « Tu vois, c’est étrange, mais il y a 20 ans, j’ai rencontré une Solange venue en stage à Paris… » Il m’a expliqué qu’ils s’étaient connus quelques jours puis elle était rentrée chez elle à Châteauroux.
Quelques semaines plus tard, elle lui avait écrit pour lui dire qu’elle était enceinte…
Il ne l’avait pas cru, ou il n’avait pas voulu la croire et il ne lui avait jamais répondu.
Il a tiré longuement sur sa cigarette et a ajouté :
– C’est con, mais tu vois, je crois que tu pourrais bien être ma fille…
Pendant une semaine je suis restée enfermée, prostrée, je ne suis pas sortie de chez moi. Je ne voulais plus marcher dans le quartier, je ne voulais plus descendre la rue Lepic, passer devant le Lux Bar. Je ne voulais surtout plus le croiser.
Je ressentais de la haine pour cet homme qui n’avait pas voulu de moi. J’en voulais aussi énormément à ma mère, pour son silence. Elle m’avait trompé, trahi…
Et puis je n’acceptais pas d’être le fruit d’une rencontre passagère, d’un accident… J’étais effondrée, perdue, je ne savais plus qui j’étais.
Pour lui aussi, c’était un choc. Il avait essayé de respecter mon silence, mais un matin n’y tenant plus, il est venu frapper à ma porte.
On s’est retrouvé comme ça face à face. J’étais très mal, lui aussi…
Il m’a dit qu’il s’était inquiété, qu’il m’avait guetté dans le quartier.
Et puis, il m’a demandé :
– Alors, est-ce que tu as parlé avec ta mère ?
J’ai répondu :
-Oui,
-Et qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
-Elle m’a dit que c’était vrai, et elle m’a tout raconté.
Il a eu un grand sourire, et tout simplement, il m’a dit :
-Eh bien voilà ! Viens ma fille, on va fêter ça !
Il m’a prise par le bras, et m’a emmené chez lui, rue Germain Pilon dans le petit appartement que lui louait Pierre Étaix.
Un grand faiseur de rêves
Par Gérard Letailleur
Article paru dans Montmartre en Revue n°3, en juin 2021
Les compositions de Bernard Dimey, comme par magie, prennent leur envol et deviennent intemporelles. Colportées dans les rues, reprises en chœur, elles s’ancrent dans l’inconscient collectif.
Qui n’a pas rêvé, grâce à Bernard Dimey, de voir » Syracuse, l’Île de Pâques et Kairouan, et les grands oiseaux qui s’amusent à glisser l’aile sous le vent ? «
Comment oublier l’apparition de Zizi Jeanmaire sur la scène du Casino de Paris, arborant son « truc en plumes, plumes de zoizeaux, de zanimaux » qui sous la plume de Dimey, rien qu’en passant, nous fouette le sang, tout en caresse, avec ivresse… »
Comment résister à l’émouvante déclaration d’amour du brave homme d’un âge certain à sa compagne de toujours, interprétée magistralement par Michel Simon :
« Mémère, tu t’en souviens, de notre belle époque. C’était la première fois qu’on aimait pour de bon. A présent, faut bien l’dire, on a l’air de vieux schnocks … Mais au fond, j’suis content, j’vois qu’t’as compris quand même. Et j’peux te l’dire, mémère, j’ai jamais aimé qu’toi« .
Bernard Dimey, personnage atypique qui décida un jour de poser son mince bagage au sommet de la Butte.
Pour l’état civil, il est né le 16 juillet 1931 à Nogent-en-Bassigny (Haute-Marne), c’est-à-dire douze jours après la promulgation du « Statut du vin », mesure malthusienne gouvernementale destinée à diminuer la production vinicole afin de lutter contre la chute des prix. Curieux clin d’œil du destin à ce nouveau-né qui s’efforcera durant son existence, à ses risques et périls, de remédier à cette sanction légale en sillonnant Montmartre d’un bistrot l’autre, à la rencontre de la fine fleur de la bohème où palpite la langue française des francs buveurs, disciples de Bacchus…
Enfant intellectuellement précoce et doué pour les arts, sa vocation littéraire et artistique fut déterminante. Il se voulait grand écrivain, sera un grand poète et parfois ne se sentira que parolier « bricoleur »… Lycéen à Troyes, une revue littéraire publia certains de ses poèmes alors qu’il n’avait que quinze ans. Bernard met un talent de comédien remarquable au service d’Apollinaire, de Desnos, d’Éluard, Fargue etc. lors de récitals de poésie. Il s’adonne aussi à la peinture, à l’écriture, encouragé par certains professeurs, s’exerce au journalisme dans la presse locale… Après son Bac Philo, déception pour ses parents, il renoncera à devenir instituteur.
Armand Lanoux qu’il avait rencontré grâce au « microcosme troyen », le fit intervenir dans ses émissions radiophoniques. Il écrit alors des scénarios pour la radio, puis des pièces de théâtre, des nouvelles, des romans, mais subit les refus des maisons d’édition…
« Je dis comme ça, pour blaguer, que je suis né place du Tertre à l’âge de 25 ans. Je suis venu à Paris pour faire mon service militaire. Ma myopie m’évita l’Algérie. Je suis resté cantonné à la Caserne Mortier. J’ai découvert Montmartre et je ne suis plus jamais redescendu.«
C’est en effet au Pichet du Tertre, 10 rue Norvins, cabaret-galerie d’Oberto Attilio, l’ami des peintres, qu’il se joint aux artistes qui s’y retrouvent, Gen Paul, Patachou, en voisine, Mouloudji, Jean-Claude Pascal, Aznavour… Ce lieu unique, il nous le peindra en chanson : « La Taverne d’Attilio » sera interprétée par Félix Marten.
Les chansons de Ferré lui révélèrent un nouveau champ d’expression et il adressa à Léo quelques poèmes. Partageant cet amour pour « la sacrée Poésie » ils se rencontreront et se lieront d’amitié. Léo Ferré, dès leur premier face à face, lui avait donné le ton : « Mon chien va te bouffer, si tu restes en uniforme ! » Ensemble ils écrivirent « Les Petits Hôtels », chanson enregistrée par Zizi Jeanmaire en 1961.
Il décide de mettre son talent de poète au service des musiciens et interprètes qu’il croise au hasard de ses errances. Il trouve son inspiration le plus souvent dans les troquets montmartrois, ces « parlements du peuple », pour reprendre la formule de Balzac;
« Moi, j’écris comme ça, disait-il. Je vais par exemple avec des potes dans un bistrot à trois heures du matin et soudain me vient une idée. Je demande une feuille de papier à la patronne, je me mets dans un petit coin et j’écris… Il m’arrive souvent de trouver au fond de mes poches un papier à en-tête d’un troquet. »
Ses « potes » s’appellent Michel Simon, Edith Piaf, Mouloudji, Jean-Claude Pascal, Aznavour, Les Frères Jacques, Juliette Gréco, Pierre Brasseur, Pierre Etaix et Francis Lai, le jeune accordéoniste niçois qui logeait à l’étage du Pichet et avec lequel il collabora si fructueusement.
« Avec Bernard, confia ce dernier, on faisait de la musique et des chansons pour se faire plaisir. Il avait une vision de l’univers de la chanson très avant-gardiste. Il écrivait à toute allure… Je l’appelais le « Lucky Luke » de l’écriture…«
En effet, tous ses amis reconnaissent la fulgurance de son esprit ; il écrivait très vite avec un sens inné de la rime. Pour lui, Charles Aznavour modifia sa manière d’écrire :
« Je me suis adapté à sa conception créative. Habituellement c’est l’inverse. Les compositeurs se mettent en harmonie avec ce que j’écris, moi… Dimey vivait en marge. Il n’a pas eu une vie « de métier. » Il a eu une vie artistique. Nous, on fréquente les journalistes, les télés. Lui, il s’en fichait. Il n’a rien fait de tout cela. C’était ça, sa vie !«
Aux Frères Jacques, chapeautés, gantés, en justaucorps et collants, dont les interprétations déclenchent les ovations d’un public enthousiaste depuis « La Queue du Chat » en 1948, à « La Saint-Médard » en 1951, de « La Truite de Schubert » revue et corrigée par Francis Blanche, à la dégoulinante « Tartine de confiture », il offre « Frédo », véritable petite comédie où fleurissent jeux de mots et surprises baignés de poésie et de fantaisie.
En 1961, il écrit « Syracuse » et le succès est au rendez-vous. L’œuvre est mise en musique par Henri Salvador, son interprète qui aimait raconter avoir enfermé Dimey dans une pièce afin qu’il finisse la chanson… De sa plume magistrale, aux multiples facettes, vont surgir entre-autres des nouvelles humoristiques, où il observe à la loupe grossissante, voire au miroir déformant, ses contemporains franchouillards, sans s’épargner lui-même, des recueils de poésie, un superbe Bestiaire de Paris, œuvre composée de deux cent-vingt alexandrins, où il évoque avec nostalgie le Paris populaire et bohème. Lorsque survient la lame de fond, la « vague Yéyé », qui évince les chanteurs « à texte ». Les ressources se font rares, le fisc se réveille, les huissiers s’acharnent… Il part à la dérive…
Bernard survit comme il peut, en récitant avec talent ses poèmes dans les cabarets, puis il fera la connaissance d’Yvette Cathiard, artiste peintre, qui deviendra sa compagne. Elle dira de lui « C’était une espèce de « roi Soleil », Dimey avait cette aura, cette insolence, cette facilité d’écriture, et une intelligence intuitive… Toute sa vie, il a fait ce qu’il a voulu, sans compromission, c’était son luxe absolu ! »
Au fil du temps, ses compositions seront portées par plus de deux cents interprètes dont les plus prestigieux :
Bourvil et Pierrette Bruno « Puisqu’on s’aime »; Jacqueline Danno « Pour un mot »; Yves Montand « Mais si je n’ai rien »; Juliette Gréco « Les Maisons closes », « Les Petits Cartons »; Jean Sablon puis Henri Salvador « Syracuse »; Michel Simon « Mémère »; Serge Reggiani « Si tu me payes un verre »; Mouloudji « C’est là que j’ai grandi »; Jean-Claude Pascal « Les Imbéciles », « Je me fous d’avoir vieilli »; Jean Ferrat « La Cervelle », « Il nous faut des chansons »; Zizi Jeanmaire « Mon Truc en plumes »…
En 1969, une nouvelle aventure se présente. Son ami Georges Brassens l’invite à participer à la première partie de son spectacle à Bobino, en compagnie de deux autres artistes montmartrois, Monique Morelli et Robert Rocca. Devant les amis de Georges, il triomphe en déclamant quelques poèmes dont « Ivrogne et pourquoi pas ? » pour lequel il recevra le prix Charles Cros.
En 1978, la vie lui réserve une surprise et un bonheur infini. Il apprend qu’il a une fille, Dominique, âgée de 22 ans. En 2017, dans le documentaire « Bernard Dimey, poète et pourquoi pas ? » de Dominique Regueme, Yvette Cathiard commente ainsi ce bouleversement :
« Surprise ! Elle était jolie ! Surprise, merveilleuse surprise… Elle voulait chanter, alors ça allait, elle faisait partie de la bande ! Ils se sont rencontrés trop tard…«
Dans la foulée, il décide de prendre de bonnes résolutions : « Maintenant que je t’ai, que tu es entrée dans ma vie, je vais arrêter de boire... »
– Moi, je l’ai cru ! raconte Dominique, il a vraiment essayé d’arrêter, mais il n’a pas tenu…
Bernard, pouruit-elle, c’était un vrai saltimbanque. Il n’en avait rien à faire de l’argent, il n’avait pas de maison, pas de compte en banque : c’était la bohème ! Je sais que notre rencontre, l’a vraiment aidé à traverser ses dernières années, ses derniers mois, et ses dernières semaines. Notre histoire était sûrement écrite comme ça…
Jusqu’à la fin, Bernard Dumey défendra la poésie, mais pas n’importe laquelle, la belle, la chantante, celle qui a un sens du rythme : la sienne ! Car Dimey écrivait en octosyllabes et en alexandrins une poésie créatrice d’images, d’une humanité et d’une simplicité saisissantes. Une poésie où l’expression de la nostalgie, d’un certain sens du sacré et de l’éternité, de la beauté mais aussi du tragique du quotidien de la vie et de la mort, est bouleversante.
Bernard Dimey est mort au matin du 1er juillet 1981. Il allait avoir 50 ans.
"Mimi j'ai une fille !" par Yvette Cathiard
Un épisode évoqué par Yvette Cathiard, la compagne de Bernard Dimey,
dans son livre “La blessure de l’ogre” :
« Les affiches de Dimey fleurissent sur les colonnes Morris de Paris car Bernard depuis peu occupe la petite salle Pleyel, le succès lui va bien, il est heureux de ces remous dans son quotidien.
Un midi, rue Véron, Bernard m’attend sur le trottoir devant chez Areski, un éclair dans l’œil :
– Mimi, j’ai une fille !
Je réponds :
– Plus on est de fous plus on rit !…
…La veille, dans les coulisses du théâtre, Dominique, c’est son prénom, pleurait d’émotion, laissant Dimey interloqué d’avoir provoqué un tel bouleversement.
Il est donc son père, cette nouvelle l’assomme, car il ne reconnaît pas vraiment, sur la photo prise vingt deux auparavant, la jeune fille qu’il devait avoir séduite à Montmartre.
La mère de Dominique avait donc eu avec Bernard une très courte histoire et était repartie à Châteauroux, le laissant sans lui révéler son état. Puis elle se maria avec monsieur Blanchard qui reconnut l’enfant et l’éleva. Le hasard voulut que Dominique, désireuse de faire un métier artistique, s’installât à Paris, précisément à cent mètres du quartier général de Bernard, le « lux bar »…
…Dimey est intrigué, perturbé, étonné et heureux de la venue de cette jeune fille dans sa vie de façon aussi inattendue …
…Dominique mettra trois semaines à venir à la maison, retenue par la peur de me rencontrer. A 32 ans, je suis donc une belle mère ; je me demande même parfois si cette fille fantôme existe et pourquoi elle se cache. Je la découvre jolie, grande, blonde, les cheveux longs bouclés et les yeux bleus.
Bernard se trouvant gros, vieux, moche et mal aimé est ravi de cette fille qui le venge et qu’il promène partout.
… Il l’aime c’est sur, mais ses préoccupations sont tournées vers l’intérieur de lui même.
Un jour en haut d’un contrat figure ce nouveau patronyme, Dominique Dimey.
Yvette Cathiard, extrait de « La blessure de l’ogre » Editions Christian Pirot.
UN GRAND AUTEUR
ET un GRAND POÈTE
JEAN-LOUIS FOULQUIER
Bernard Dimey est un cactus du pavé de la butte. Ancré là et increvable.
Lorsque nous passons la rue des Abbesses, il me dit : On va à Paris.
Il m’apprend les dangers de la ville et s’emploie à me faire renifler la vie et les secrets de ce quartier. Les choses importantes se passent au village et nulle part ailleurs.
Lorsque je rencontre Bernard Dimey, je ne sais pas encore qui il est. Pourtant, il a déjà écrit Mon truc en plumes pour Zizi Jeanmaire, Mémère pour Michel Simon et Syracuse pour Henri Salvador. Ses Poèmes voyous ont déjà biberonné toute une génération avide de sensations suburbaines.
Il dit ses textes au Gavroche, ou au Tire-Bouchon et se suffit largement d’une notoriété de cabaret.
Dimey est le pacha du village Montmartre et règne en maître sur le sommet de cette pièce montée gorgée de traditions.
Il aime les rituels. Chaque samedi après-midi, il m’attend sur le coup de quatorze heures. Je suis planté devant un petit bouquiniste, le regard rivé sur sa fenêtre.
J’attends son signal pour monter. Il ouvre la fenêtre et gueule sans apparaître : Foulquier t’as du Bordeaux ?
Sans attendre, je m’engouffre dans son allée, sors ma bouteille de Bordeaux et me présente à lui, la gueule enfarinée ! Comme un gamin visitant le Père Noël, on s’assoit face à face.
Je l’écoute parler, bougonner et tourner les pages de son encyclopédie de la vie.
Soudain je n’ai plus honte de mon inculture qui devient une chance.
Cette soif d’apprendre et de comprendre bouleverse nos rapports. Désormais, je ne peux respirer sans l’ombre de Dimey. C’est un abri, un havre de paix régénérant, un professeur imprévisible. Mon guide, premier de cordée. Ma conscience.
Jean-Louis FOULQUIER, Extrait de « AU LARGE DE LA NUIT »
Denoël, 1990, pp 59-60.
BERTRAND DICAL FRANCE INFO
Aujourd’hui, 1er juillet, je voudrais vous parler de Bernard Dimey, mort le 1er juillet 1981 à l’âge de quarante-neuf ans.
Je voudrais dire la noblesse de ces grand-voiles de poésie qui appareillent depuis le Gerpil ou le Lux-Bar, bistrots banals mais soudain gonflés d’alexandrins, portés par d’immenses souffles de compassion et d’amour humain qui éclairent la nuit de l’alcool et de la mouise.
Dire aussi un cœur toujours blessé et toujours inondé de beauté. Une âme plus grande que nature et pourtant attachée aux plus frêles destinées peuplant la ville.
Bernard Dimey n’est pas seulement un évangéliste de la biture, un Parisien de la trempe de François Villon, un continuateur de Montéhus et de Richepin à la fois ; il est une des plus grandes plumes de l’histoire de la chanson.
Mais son temps n’a pas vraiment besoin de lui. Dimey ne lui raconte pas le bel aujourd’hui ou la détresse des enfants du siècle ; il lui raconte un ailleurs, un autrefois, un autrement. Des solitaires qui s’assemblent dans la lumière trop forte d’un café, des ratés qui ne réussissent pas même une belle sortie, des paumés qui savent parfaitement où ils en sont.
Peut-être cet auteur prolifique de chansons s’était-il égaré dans une époque pour laquelle il n’était pas fait. Mais il laisse tant de chefs d’œuvre.…
BERNARD DIMEY DIT SON Poème :
moi qu'écris des chansons
Bernard Dimey dit son poème « Moi qu’écris des chansons ».
DOMINIQUE CHANTE BERNARD DIMEY
Dans son album, Dimey chante Dimey, Dominique reprend quelques-unes des plus belles chansons écrites par son père avec de magnifiques arrangements signés par Pierre Bluteau. Elle nous offre une très belle version de Syracuse et Chanson pour Bernard, la chanson pleine d’émotion qu’elle a écrite pour lui après sa disparition.
DOMINIQUE RACONTE LEUR HISTOIRE AU THÉÂTRE
En 2019, elle achève l’écriture du spectacle musical intitulé « BERNARD DIMEY PÈRE & FILLE, UNE INCROYABLE RENCONTRE« dans lequel elle raconte cette période secrète de sa vie et peu connue de la vie de Bernard Dimey.
Le spectacle sera créé au Festival d’Avignon où il rencontre un gros succès. Elle y rend un magnifique hommage à son père poète en interprétant ses chansons et poèmes préférés.
En 2022, après la crise sanitaire, le spectacle revient à l’affiche au Théâtre Essaïon à Paris où il est salué par le public et une presse nationale unanime.
En 2023 Dominique retrouve le même succès, auprès du public du Festival d’Avignon sur la scène du Théâtre l’Atelier Florentin.
Une presse unanime
LE MONDE
(…) de l’émotion, de la tendresse, des colères aussi, Dominique Dimey comédienne,
chanteuse à la voix assurée, donne aux mots des courbes,
appuyant ici légèrement, retenant un souffle…
Elle ajoute une intimité que même des interprètes célèbres n’auraient pu rendre.
TÉLÉRAMA TT
On aime beaucoup…
L’histoire est d’autant plus jolie qu’elle est racontée par Dominique Dimey en personne.
LE FIGARO
Elle avait 20 ans quand elle a découvert que Bernard Dimey était son père.
Dominique Dimey a écrit un spectacle bouleversant où elle dit les poèmes
et chante les textes d’un grand créateur qui a écrit en vers, et parfois contre tous.
LE PARISIEN
Bernard Dimey ressuscité en chansons par sa fille. Dominique Dimey,
fait revivre son père dans un spectacle musical émouvant et plein de tendresse.
LE CANARD ENCHAINE
Une belle et fraiche sincérité…Chanteuse accomplie aux inflexions aussi subtiles que mélodieuses,
elle exalte la truculence désespérée ou élégiaque des compositions paternelles …
Ne refusez pas cette invitation à Dimey !
FRANCE INFO
Dominique Dimey fait revivre son père, un peu oublié, dans un spectacle envoûtant,
entre récital et théâtre qu’elle offre comme un cadeau.
POLITIQUE MAGAZINE
Un spectacle d’une rare intensité et d’une grande sensibilité.
RADIO LIBERTAIRE
Une Dominique Dimey vibrante de tendresse. C’est si beau quand elle chante,
que de là- haut Bernard, accoudé au bistrot d’Allain Leprest doit applaudir les larmes aux yeux.
FRANCE BLEU
Dominique Dimey a hérité de la liberté, de la fantaisie et surtout du talent de Bernard Dimey.
Elle chante, récite et témoigne.
Elle est poignante de sincérité. Allez la voir !
LA VIE ***
La Vie aime beaucoup ce spectacle tout en finesse,
la voix pleine d’émotion de Dominique devenue Dimey.
LA PROVENCE
C’est beau, c’est noble, c’est grand et c’est bouleversant.
LES enfants de Dimey à Montmartre
En 2010 Dominique avait créé l’association Les enfants de Dimey pour mieux faire connaître son père Bernard et son œuvre. Cette association réunit de nombreux artistes, chanteurs, comédiens, musiciens, connaisseurs et « fan » du poète qui comme elle, font vivre les textes et les chansons de Bernard Dimey.
En 2022 avec Les enfants de Dimey et La République de Montmartre Dominique lance « À Montmartre, le 10 mai C’est La Fête à Bernard ! » Un événement qui, avec le Le Diner des poètes, est devenu un des rendez-vous incontournables de Montmartre tous les 10 mai.
EN SAVOIR PLUS SUR BERNARD DIMEY
LE FOND BERNARD DIMEY DE LA MÉDIATHÈQUE DE NOGENT SUR MARNE
La bibliothèque municipale de Nogent sur Marne (52) est installée depuis 1990 dans l’ancienne école où Bernard DIMEY fut élève.
Cette équipement culturel abrite un fond unique exclusivement consacré à Bernard Dimey.
Ce fond créé et enrichi par Monsieur Philippe Savouret compte de très nombreux documents : manuscrits, peintures, dessins, photos, documents audio visuels concernant la vie et l’oeuvre du poète. Ils peuvent être consultés sur demande.
DES LIVRES DE TÉMOIGNAGES
Dimey la blessure de l’ogre – d’Yvette Cathiard
Au large de la nuit – De Jean Louis Foulquier
BERNARD DIMEY
sur fRANCE INFO ET FRANCE MUSIQUE
Bertrand Dicale sur France Info et France Musique © Radio France
Benoît Duteurtre recoit Dominique Dimey la fille de Bernard Dimey
et nous offre un regard inédit sur l’oeuvre et l’univers de ce grand poète.
France Musique, studio 361 … Dominique Dimey, auteure-compositrice-interprète & Benoît Duteurtre, producteur, écrivain © Radio France – Annick Haumier
En 2019, Dominique réalise son projet, raconter l’histoire de sa rencontre à Montmartre, lorsqu’elle avait 20 ans, avec Bernard Dimey son père, qu’elle ne connaissait pas.
Un spectacle musical qu’elle crée au Festival d’Avignon et joue avec succès en 2022 à Paris au théâtre Esaïon. Un magnifique et touchant hommage à son père et à son œuvre.
Chansons diffusées pendant l’émission :
- Je ne retrouve plus la trace de tes pas
- Tu es parti là-bas
PROCHAINEMENT
En préparation la publication des œuvres complètes de Bernard Dimey en trois volumes
Bernard DIMEY «Paroles de poète»
Bernard DIMEY «Une vie en Alexandrins »
Bernard DIMEY «Inédits ?»
(Pour être tenu informé de la publication envoyez vos noms prénom et adresse mail à : enfantdedimey@gmail.com)